La fin du jeu en extérieur et sans supervision
Depuis le début des années 2000 aux Etats-Unis, le taux de bras cassé chez les adolescents est en déclin continu, et est aujourd’hui identique à celui des hommes de 50 ans. Est-ce une bonne chose ? Pour Jonathan Haidt c’est malheureusement l’un des symptômes visibles et mesurables des changements de comportements de la nouvelle génération.
Tous les mammifères ont besoin de jouer, et de tester leurs limites avec leurs congénères. Le jeu et les interactions qu’il suscite permettent d’explorer le monde réel, de construire des relations sociales et de prendre des risques. Pourtant, dès le début des années 80, le temps de jeu extérieur des enfants commence à décroître, un mouvement qui va de pair avec l’accélération de la diffusion des médias grand public qui entretiennent des peurs sécuritaires. Avec ce temps de jeu qui s’effondre, le nombre de bras cassés diminue, mais le temps d’écran lui augmente.
L'auteur est volontairement provocateur lorsqu'il choisit pour image d'illustration une aire de jeu du siècle dernier qui ferait frémir n'importe quel citadin habitué aux revêtements en gomme... mais soulève néanmoins de bonnes questions : à quel âge laisser son enfant aller seul à l'école ou acheter une baguette? Il y a 50 ans, cet âge était 6 ans...
L’essor des réseaux sociaux
Jonathan Haidt établit un lien de causalité clair entre l’essor des réseaux sociaux d'une part, et les niveaux d'anxiété et dépression sans précédent des adolescents d'autre part. Il remarque de plus que l'usage de ces réseaux, en particulier via les téléphones portables connectés, a des impacts différents selon le genre. Si les garçons développent de plus grandes tendances à l'isolation et une préférence pour une vie virtuelle, les filles elles subissent de plein fouet la violence psychologique des échanges en ligne et remettent rapidement en question leurs goûts et leur apparence.
Pour tous en revanche, le manque de sommeil, la réduction de la capacité de concentration, et l'addiction développée via le système de gratification immédiate des algorithmes sont des freins à leur bon développement neurologique.
Et parce qu'il aime relever les contradictions, l'auteur n'hésite pas à rappeler que la probabilité de se faire agresser dans le monde virtuel est bien supérieur à celle d’un accident dans le monde réel. Il semble donc absurde de croire que nous protégeons nos enfants des dangers de la vie en leur proposant des activités sur écran !